Aujourd’hui encore, un enfant décède tous les cinq jours suite aux mauvais traitements infligés par ses parents (recensement de l’IGAS). Dans notre société, en 2021, la violence à l’encontre des enfants est encore omniprésente.
Qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, ces violences doivent être combattues. Ces derniers mois, la médiatisation de ces affaires a permis aux victimes de prendre conscience des atteintes qu’elles avaient subies. 2021, c’est donc l’année de la libération de la parole de ces victimes.
2021 c’est aussi les 20 ans de l’affaire d’Outreau, qui a entaché de soupçon la parole des enfants. Ce soupçon n’a pourtant pas lieu d’être, dans cette affaire les enfants étaient manipulés par leurs parents. Ce n’est donc pas la parole des enfants, mais celle de leurs parents qui était inexacte. Ce sont les parents qui avaient donné à leurs enfants de faux noms pour désigner leurs agresseurs (qui existaient pourtant bien). Depuis cette affaire, systématiquement, la parole des enfants est pourtant mise en doute.
Libérer la société de ce doute permettrait aux enfants de libérer leur parole bien plus facilement. Les victimes doivent être encouragées à dévoiler les atteintes subies à leurs proches ou aux gardiens de la paix. La médiatisation de ces affaires nous a permis de prendre conscience de l’ampleur du phénomène, mais le tribunal d’Internet ne devrait pas s’emparer de ces affaires et s’ériger en juge alors même qu’il n’a pas les moyens de mener l’enquête. Sous peine, encore une fois, d’encourager à la défiance vis-à-vis de la parole des victimes.
Depuis l’année dernière, je me suis engagée auprès de l’association Les Papillons qui lutte contre les violences faites aux enfants et permet, en installant des boites aux lettres dans les lieux fréquentés par les enfants, de libérer leur parole.
Fin janvier j’avais alerté le Ministre de l’Éducation Nationale sur la nécessité de permettre aux enfants de libérer leur parole. Cette question des violences n’est que trop peu abordée à l’école. L’école a pourtant un rôle à jouer dans la lutte contre ces violences. Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation Nationale et Adrien Taquet, Secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles ont annoncé que la politique de prévention à destination des enfants serait renforcée. La sensibilisation des élèves sera accentuée, la formation des enseignants à la détection des signaux sera accentuée. Ceci afin de mieux accompagner les enfants victimes.
Notre société s’est longtemps voilée la face à ce sujet, pour ne pas voir l’horreur qui nous entoure. Ne pas reconnaître, permet de s’exonérer de cette responsabilité collective que nous partageons pourtant tous en tant qu’adultes. Il ne s’agit pas d’une fatalité sociale et nous pouvons tous agir. Ces violences aux enfants, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles, sont la source d’importants préjudices. Les répercussions sur l’avenir de ces victimes sont dévastatrices : dépression, suicide, addictions. Ce problème de société engendre donc de nouveaux problèmes de société. Agir à la source de ces violences apparaît donc fondamental.
Nous devons donc tous appuyer le triptyque : informer-révéler-accompagner, afin que les enfants puissent parler et se libérer en confiance. C’est une première étape sur le chemin de la résilience.