La liberté de pouvoir choisir sa fin de vie est un sujet sensible. Ces dernières années, j’ai reçu de nombreux témoignages de personnes et associations me demandant d’agir afin de permettre aux personnes en fin de vie d’être titulaires de ce droit. Il s’agit d’un choix éminemment personnel guidé par des sensibilités, un vécu.
Qu’une personne en phase terminale d’une affection incurable, atteinte de graves souffrances puisse avoir le droit de choisir sa fin de vie me semble aujourd’hui essentiel. Ce droit doit bien entendu être optionnel, réservé au malade lui-même ou représenté par sa personne de confiance. Il doit aussi être encadré afin qu’un protocole permette de s’assurer de la volonté réelle et persistante de la personne. Avoir ce choix ne signifie pas qu’il soit systématiquement exercé. Mais avoir ce choix me semble fondamental.
C’est mon rôle de députée de veiller à cela.
Pourtant, jeudi 8 avril à l’assemblée, à cause de l’obstruction parlementaire je n’ai pas pu y veiller. Nous n’avons pas pu faire évoluer la loi.
Depuis la Loi Claeys-Leonetti, les soins palliatifs, prodigués de manière très efficaces par les équipes de soignants ont su soulager des souffrances et contribuer à préserver la qualité de vie du patient. Malheureusement, ils ne permettent pas de répondre à toutes les situations et au patient atteint d’une maladie grave et incurable de pouvoir choisir sa fin de vie. Aujourd’hui, faute d’avoir ce droit, de nombreux français font le choix d’achever leur vie à l’étranger. Comme l’a rappelé mon collègue Olivier Falorni à l’assemblée hier, Paulette Guinchard, ancienne secrétaire d’État aux personnes âgées, a fait le choix de décéder en Suisse le 4 mars dernier. Le fait qu’une ancienne ministre ait dû quitter le pays qu’elle a tant servi pour pouvoir mourir de la manière qu’elle entendait m’émeut profondément.
Beaucoup de nos voisins européens sont en avance sur ce sujet, aucun n’a constaté de dérives ou n’est revenu en arrière. Nous devons aujourd’hui prendre exemple sur ces pays et avancer également vers une société qui respecte la dignité des personnes atteintes de maladies incurables et de graves souffrances. Un sondage Ipsos de 2019 estime à 96 % les Français se déclarant en faveur de la législation de l’euthanasie. Cette question du droit à choisir sa mort, du droit à mourir dans la dignité dépasse tous les clivages politiques.
C’est pourquoi j’ai soutenu la proposition de loi de mon collègue député Olivier Falorni. En 2021, pouvoir être titulaire du droit ou non de disposer de sa vie me semble fondamental. Limiter la liberté d’action et de choix d’un individu qui ne fait aucun tort aux autres mais souhaite se protéger lui-même de sa souffrance n’est plus acceptable.
Je regrette que la nouvelle occasion de légiférer sur ce sujet qui nous était offerte jeudi 8 avril n’ait pas été saisie par mes collègues parlementaires.